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Balados de Services financiers Innovation CIBC
Dans notre série de balados #ÉconomieInnovationCIBC, des dirigeants, entrepreneurs, experts et investisseurs en capital de risque s’entretiennent sur l’évolution de l’économie nord-américaine de l’innovation.
L’importance de l’ouverture aux nouvelles occasions avec Angela Tran, associée générale à Version One Ventures
Résumé de l'épisode
Angela Tran n’avait pas l’intention d’être une investisseuse en capital de risque; elle souhaitait plutôt devenir ingénieure. Toutefois, elle a mis à profit ses compétences en ingénierie pour bâtir, avec son partenaire Boris Wertz, Version One Ventures : une société de capital de risque qui a investi dans certaines des plus grandes entreprises en démarrage actuelles. Angela tire parti de son expérience pour aborder les problèmes d’un point de vue unique et trouver des entreprises dans lesquelles investir dès les toutes premières étapes. Elle souhaite aider des fondateurs qui cherchent à résoudre des problèmes qu’ils ont eux-mêmes vécus et qui ne reculeront devant rien pour y arriver.
Notes de l’épisode
Faire preuve d’ouverture à l’égard des nouvelles possibilités
Dans son parcours vers ses fonctions actuelles, Angela a dû saisir toutes les occasions qui se présentaient à elle. Elle n’a jamais refusé de rencontre, persuadée que chaque rencontre pouvait mener à de précieuses relations. Angela souligne l’importance des personnes qu’elle a rencontrées en cours de route et qui ont joué un rôle déterminant dans son cheminement professionnel. De plus, lorsqu’elle est passée d’Insight Data Sciences au capital de risque, elle a fait preuve d’ouverture et a mis à profit ses compétences pour se démarquer.
Connaître sa mission
Angela et Boris accordent une grande importance aux fondateurs qui sont axés sur leur mission et s’efforcent de résoudre des problèmes immédiats. Pour Angela, une communication efficace sur les aspects uniques du fondateur et de son produit et le caractère urgent des besoins du marché est essentielle. Elle observe que de nombreux fondateurs se concentrent sur les tendances macroéconomiques et les problèmes pour lesquels des changements ne s’imposent pas. En l’absence d’indicateurs fiables, Angela et Boris se concentrent sur l’évaluation de l’incidence potentielle d’une entreprise sur le monde.
Sortir des sentiers battus
Pour sa première rencontre avec Boris, Angela avait créé un ensemble de données pour tenter de découvrir les entreprises en démarrage qui connaîtraient du succès. Sa tentative a été infructueuse, mais Boris a aimé le fait qu’elle pensait autrement. Ce penchant pour les solutions novatrices continue d’influencer le travail d’Angela aujourd’hui, car elle cherche des fondateurs ayant les mêmes caractéristiques. Pour susciter son intérêt, les entrepreneurs doivent faire preuve d’une détermination à résoudre des problèmes de façon novatrice.
Services financiers Innovation CIBC est un partenaire financier de confiance pour les entrepreneurs et les investisseurs. Communiquez avec les membres de notre équipe à l’adresse cibc.com/servicesfinanciersinnovation.
Afficher les contributeurs:
Angela Tran
Michael Hainsworth
Version One Capital
CIBC
CIBC Innovation Banking
Angela Tran: L’époque où l’argent était facile d’accès est révolue, mais on y a encore accès. La différence, c’est que maintenant, quand les fondateurs vont tenter de lever des fonds, la barre est tout simplement plus haute. On doit se concentrer sur les questions : « pourquoi vous? » et « pourquoi maintenant? ». Les excellentes entreprises vont toujours réussir à lever des fonds.
Michael Hainsworth: Bonjour, je m’appelle Michael Hainsworth. Le balado de Services financiers Innovation CIBC s’intéresse aux entreprises en démarrage, en croissance ou bien établies qui ont fait une percée dans leurs secteurs à l’échelle mondiale. Quand on démarre une entreprise, il faut être prêt à changer de cap, connaître ses forces et trouver son clan. En tant qu’associée générale à Version One Ventures, Angela Tran en sait quelque chose. Elle aide les entrepreneurs à donner vie à leur idée en misant sur leurs forces et en leur donnant des conseils pour combler leurs lacunes. Elle leur présente des personnes qui partagent leurs valeurs, et comprend l’importance du changement, car elle est elle-même passée par là. Malgré son intention de devenir ingénieure, elle s’est jointe à Boris Wertz un an après le lancement du fonds, aujourd’hui évalué à 100 M$.
Angela Tran: J’ai obtenu mes diplômes à l’Université de Toronto, d’abord en ingénierie. Je me spécialisais en génie biomédical. C’était le début des années 2000 et je ne savais pas à quoi ressemblait le marché de l’emploi dans ce domaine. Je me suis donc dirigée vers l’ingénierie financière, un domaine qui se rapprochait de mes études de premier cycle. J’y suis restée pour ma maîtrise et mon doctorat, puis en 2010, j’ai déménagé dans la Silicon Valley pour démarrer ma carrière comme ingénieure, mais les choses n’étaient pas du tout comme à Toronto. L’ingénierie était très axée sur le développement de logiciels, et même si je savais coder, je ne pouvais pas le faire au niveau de la production. Ça n’a pas été facile. C’est seulement après ma rencontre avec un canadien qui venait de terminer le programme de l’accélérateur de premier plan Y Combinator que j’ai décidé de devenir entrepreneure. Il avait une idée géniale : former les meilleurs doctorants pour qu’ils deviennent des scientifiques des données, puis les placer dans des entreprises comme Facebook, Google, LinkedIn et Twitter. À l’époque, en 2012, on ne parlait que des mégadonnées. Il m’a demandé d’être son cobaye, et je lui ai dit : « Non, non, je pense que ma place est auprès de vous, comme entrepreneure ». On a donc travaillé ensemble pendant un an et demi, bien que l’entreprise ait continué pendant huit ans, et j’ai pu conseiller les entrepreneurs. Ça a été une expérience incroyable d’échanger avec des gens comme moi et de leur donner la possibilité de contribuer à l’industrie en dehors du monde universitaire. C’était formidable.
Michael Hainsworth: Vous êtes donc passé de Insight Data Science au monde du capital de risque. Ce que j’aime de votre histoire – et tous les gens que j’ai rencontrés dans cette série m’en ont parlé – c’est qu’elle met en lumière l’importance des personnes que vous avez croisées et des liens que vous avez tissés dans votre parcours.
Angela Tran: C’est exactement ça. Quand j’ai déménagé dans la Silicon Valley en 2010, je ne connaissais personne. J’ai communiqué avec l’Université de Toronto pour demander si d’autres diplômés en ingénierie, en arts et sciences ou dans un autre domaine s’étaient établis dans la Silicon Valley. J’ai rencontré un Canadien qui était impliqué dans le capital de risque à Greylock à l’époque, et qui était un très bon ami de mon partenaire Boris, aujourd’hui à Version One. C’est comme ça que j’ai fait sa connaissance.
Michael Hainsworth: Un autre élément qui est revenu souvent dans cette série, c’est que pour réussir, il ne faut pas avoir peur d’échouer. Quand vous vous êtes lancé dans le capital de risque, vous ne saviez pas vraiment ce que c’était.
Angela Tran: Non, pas du tout! Après avoir quitté Insight, je ne savais pas ce que je voulais faire, mais je savais que je valorisais le perfectionnement professionnel et la compassion – je voulais collaborer et aider les gens à réaliser leurs rêves. Quand j’étais jeune, je ne savais pas vraiment ce que je voulais faire. D’où l’idée d’aller étudier en génie biomédical ou en ingénierie financière. Mais je pense que j’ai toujours eu un intérêt pour l’apprentissage continu. Je voulais aussi exprimer ma compassion et aider les autres. Enfin, il y a la liberté. La liberté de poursuivre ses rêves et ses objectifs. On a beaucoup de chance de vivre dans un écosystème comme le nôtre, qui offre autant d’occasions d’accomplisement. La question est : quelle occasion faut-il saisir? J’ai fait un grand détour pour dire que finalement, j’ai parlé au plus grand nombre de personnes possible pour bien comprendre quelles étaient les occasions dans la baie de San Francisco à l’époque. Et, je n’ai refusé aucune demande de rencontre. J’ai eu beaucoup de chance, et j’ai bien sûr accepté de discuter avec une personne qui s’appelait Boris Wertz. Pourquoi pas? Boris et moi avons discuté pour la première fois sur Skype. C’était je crois, en juillet 2013. Et ça a cliqué, on s’est bien entendus. Puis il m’a dit que dans quelques semaines il serait dans la baie de San Francisco – il est à Vancouver – et qu’on pourrait se rencontrer. En prévision de notre rencontre, j’étais censée trouver trois entreprises potentiellement intéressantes pour Version One, et en général qui en sont à l’étape de démarrage. Comme je ne connaissais rien au capital de risque, je me suis demandé : « Pourquoi veut-il seulement voir trois entreprises? » C’est là que j’ai mis mon cerveau d’ingénieure à contribution. Je me disais qu’il devait y avoir une meilleure façon de faire les choses. Pourquoi seulement trois? Il y en avait probablement des milliers. J’ai donc passé deux semaines à recueillir le plus d’information possible sur toutes les entreprises en démarrage de la planète. J’ai consulté Twitter, Crunchbase et AngelList, qui sont en quelque sorte des répertoires d’information, et j’ai effectué des appels d’API pour construire des modèles de prévision des entreprises prospères dans ce lot de 50 000 ou de 100 000 entreprises en démarrage. J’ai réalisé rapidement que c’était une tâche impossible, du moins à un stade aussi précoce.
Michael Hainsworth: Lui avez-vous donné trois noms d’entreprises?
Angela Tran: Non. Je ne pouvais pas. Quand je l’ai vu deux ou trois semaines plus tard, il m’a demandé : « Alors, qu’avez-vous pour moi? » J’ai répondu : « Rien ». Ma réponse l’a probablement laissé perplexe. Il m’a demandé : « Qu’avez-vous fait pendant tout ce temps? » Je lui ai répondu que je concevais des modèles. Il m’a dit : « Qu’est-ce que vous avez appris de ces modèles? » Et je pense que ça a établi les bases de notre relation, il s’est dit : « Wow, elle sort des sentiers battus ». Je me trompais, mais ce que j’avais fait était très novateur.
Michael Hainsworth: Oui. On m’a dit que vous et votre cofondateur, Boris, êtes des personnes très différentes, et je commence à comprendre ce que ça signifie.
Angela Tran: On aime soutenir les fondateurs axés sur leur mission, les gens qui vont tout faire pour résoudre un problème qu’ils ont vécu. En fait, je ne pense pas qu’on soit si différents. Nos personnalités sont différentes. Mais je pense que nos façons de penser et de travailler sont en fait très complémentaires. Elles nous permettent de nous faire confiance et d’avoir un partenariat très efficace.
Michael Hainsworth: Certaines personnes se seraient contentées de faire ce qu’on leur a demandé. Fournir à ce partenaire potentiel trois pistes de financement. Mais Angela a vu plus grand et a cherché à appliquer son expertise à un secteur qu’elle ne connaissait pas. Ce sont des thèmes qui reviennent souvent dans cette série, la passion pour l’exploration, l’élimination d’un obstacle et l’adoption d’une nouvelle façon de faire. C’est ce qui favorise la réussite. Angela mentionne sa volonté d’essayer de nouvelles choses et de mettre sa passion pour l’apprentissage au service de sa réussite à Version One. Version One Ventures offre un financement de démarrage à des fondateurs dont l’entreprise n’est à peine plus qu’une idée. La dernière décennie a été excellente pour la société de capital de risque. Mais aujourd’hui, Angela fait face pour la première fois à un marché qui connait une tendance important à la baisse.. Les taux d’intérêt montent, les valorisations baissent et les investisseurs prennent du recul pour voir ce qu’il adviendra de leur capital. Les entrepreneurs ressentent la même pression. Je voulais savoir comment un fondateur qui n’a guère plus qu’une idée peut attirer des capitaux en cette période d’incertitude.
Michael Hainsworth: Pourquoi appeler l’entreprise Version One Ventures?
Angela Tran: Version One Ventures, c’est un fonds au service des entrepreneurs. On travaille avec eux pour les aider à créer la première version, la première itération de leur produit. Parfois, les entreprises qui viennent nous voir n’ont même pas encore commencé à coder. Pour nous, il n’est jamais trop tôt dans le cycle de vie d’une entreprise pour obtenir de l’aide. En fait, on aime faire partie du processus de réalisation du premier produit.
Michael Hainsworth: Et j’imagine que faire partie du processus signifie fournir du capital, mais aussi des conseils et de la rétroaction. La sagesse nécessaire pour passer au niveau supérieur.
Angela Tran: Oui. Le capital est une commodité, ou du moins c’était le cas avant 2022. Boris et moi sommes très fiers, entre autres, d’être là pour nos fondateurs dans les bons moments, comme dans les moments difficiles. On peut, par exemple, étendre notre réseau aux fondateurs et aider avec la sollicitation de fonds ou le développement de la clientèle. On peut aussi leur faire part de nos réflexions sur la création de produits ou les modèles d’affaires. Enfin, et ce point est souvent sous-estimé, on vient souvent me voir pour obtenir un soutien émotionnel qui est nécessaire lors de la création d’une entreprise. On oublie que la mise sur pied d’une entreprise ne se résume pas à la création d’un produit. C’est aussi gérer et diriger les personnes qui vont fabriquer ce produit. Et ce qui est au cœur d’une organisation, ce sont les gens. Et donc la majorité du soutien qu’on offre concerne les personnes.
Michael Hainsworth: Parlez-moi des personnes. Pour qui êtes-vous prêts à investir?
Angela Tran: En général, on investit dans des fondateurs ou des entrepreneurs, des gens qui ont repéré un problème dans leur secteur d’activités, ou simplement dans leur quotidien et qui ont voulu consacrer tout leur temps à résoudre ce problème précis. Le secteur nous importe peu. Peu importe l’application, l’important, c’est que la personne à la direction de l’entreprise comprenne vraiment le problème et qu’elle ne s’arrêtera pas tant qu’il ne sera pas résolu.
Michael Hainsworth: Vous vous êtes jointe à Version One en 2013, un an après la création de l’entreprise par Boris. C’est votre premier hiver pour un secteur, car je sais que la cryptomonnaie est un élément important pour Boris, entre autres choses, bien sûr. Comment ce contexte de financement a-t-il évolué au cours des 10 dernières années du fonds?
Angela Tran: Depuis mon arrivée en 2013, j’ai eu la chance, comme la plupart des personnes qui ont œuvré dans le secteur du capital de risque pendant cette période, d’assister à un marché en croissance. Beaucoup de capitaux ont été investis dans l’écosystème des entreprises en démarrage et l’innovation. Ce qui est formidable dans cet incroyable marché croissance, c’est toute l’innovation qui en a découlé. Et pendant très longtemps, tout allait pour le mieux. Des fondateurs ont vu leur entreprise évaluée à plus d’un milliard de dollars, ce qu’on appelle des licornes, et des investisseurs en capital de risque pensent maintenant qu’ils sont les meilleurs du monde parce que leurs placements semblent très rentables... Mais ce qui monte doit finir par redescendre, au moins un peu. Après l’élan de croissance haussier de 2020 et de 2021, on commence à voir un niveau d’activité plus modéré. Mais ça reste conforme à la croissance qui est observée depuis 2013. Ça signifie simplement que notre rythme était effréné, et que maintenant, les choses prennent le temps de s’ajuster. Mais comme je l’ai dit, tout est relatif. On suit toujours cette incroyable trajectoire. C’est un petit hiver, contrairement aux hivers derniers.
Michael Hainsworth: Si nous sommes allés trop vite, que diriez-vous à l’entreprise en démarrage qui tente de lever des fonds pour la première fois dans ce contexte?
Angela Tran: En fait, on met davantage l’accent sur la question suivante : qu’est-ce qui vous rend unique en tant que fondateur et vous place dans la meilleure position pour créer cette entreprise maintenant? Ce n’est pas un nouveau phénomène ni une nouvelle façon de penser. Les exigences des investisseurs sont beaucoup plus élevées. On doit donc avoir d’excellentes réponses à cette question pour qu’ils soient heureux d’investir.
Michael Hainsworth: Qu’est-ce qu’une bonne réponse à la question « pourquoi maintenant? ». Le « pourquoi vous? » est propre à chacun. Mais qu’en est-il du « pourquoi maintenant? »
Angela Tran: Historiquement ou de façon générale, les fondateurs axent souvent leur réponse à cette question sur les tendances macroéconomiques. Prenons, par exemple, les secteurs des changements climatiques et de l’énergie. On est tous des parties prenantes de notre planète. On a maintenant tous subi les conséquences des feux de forêt. Tout le monde sait qu’on doit faire quelque chose pour résoudre ce problème. Mais si vous sollicitez des fonds, cette situation macroéconomique n’est pas suffisante. On doit lier la question à un acheteur qui a besoin de votre produit aujourd’hui, ou qui est si désespéré qu’il souhaiterait déjà l’avoir.
Michael Hainsworth: Si les entreprises dans lesquelles vous investissez en sont à leurs premières étapes, j’imagine que les réponses aux « pourquoi » sont essentielles, parce que vous ne pouvez pas vous tourner vers des indicateurs pour vous aider dans votre décision.
Angela Tran: C’est exact. S’il n’y a pas d’indicateurs dans lesquels investir, on doit se concentrer sur ce à quoi ressemble l’avenir avec cette entreprise. Quelle incidence cette entreprise peut-elle avoir sur un secteur en particulier, sur le monde? C’est probablement l’aspect le plus important, ou l’un des éléments clés pour trouver les réponses aux « pourquoi ». On se demande aussi quel est l’avenir de l’entreprise qu’on ne voit pas au premier coup d’œil. Parfois, une entreprise nous présente des idées, et on imagine facilement la suite. Même si cette entreprise peut devenir très prospère, il est difficile d’imaginer comment elle peut connaître une excellente évolution alors qu’elle emprunte un chemin évident, comme tant d’autres. On essaie donc de comprendre le raisonnement du fondateur par rapport à ce que l’entreprise peut vraiment devenir.
Michael Hainsworth: C’est fascinant d’apprendre que des investisseurs en capital de risque comme Boris et Angela prennent des décisions en se basant plus sur la personne que sur l’idée. Il est important de raconter l’histoire derrière l’idée. C’est en permettant à un investisseur en capital de risque de comprendre le fondateur dans lequel il investit qu’on peut obtenir un financement ou non. Dans un monde où l’argent devient de plus en plus rare et de moins en moins une commodité par rapport à la dernière décennie. Je voulais donc savoir comment Angela entrevoyait le financement de capital de risque dans le secteur des logiciels.
Michael Hainsworth: La cryptomonnaie est un sujet qui vous tient à cœur. Que dites-vous aux entreprises de ce secteur qui doivent faire face à un ralentissement, qu’il s’agisse de cryptomonnaie ou non?
Angela Tran: Notre message n’a pas vraiment changé pour ces entreprises, tout comme pour les entreprises traditionnelles. Pour la cryptomonnaie spécifiquement, on continue d’encourager les gens à travailler sur de nouveaux cas d’utilisation. Comment peut-on tirer parti du fait que la cryptomonnaie ne nécessite aucun tiers de confiance et qu’elle est décentralisée? On a vu quelques cas d’utilisation, par exemple les réserves de valeur comme le bitcoin, les jetons non-fongibles et l’utilisation de contrats intelligents pour décentraliser la finance. On encourage donc les gens à réfléchir à la façon de tirer parti de la technologie crypto plutôt que d’appliquer cette monnaie à un secteur en particulier. Qu’est-ce qui est réellement nouveau, qui n’était pas possible avant, mais qui l’est maintenant grâce à cette idée de décentralisation et d’absence de tiers de confiance?
Michael Hainsworth : Je suppose que cela s’applique à l’autre sujet de l’heure, l’intelligence artificielle, et à pas mal tout le reste. Quels sont les signes que le printemps arrive, ou qu’une sorte de réchauffement se produit après un scénario hivernal?
Angela Tran: Quand on pense à un « dégel », ou qu’une ardeur commence à animer les investissements, on pense aux gens. C’est une question d’activité. Et cette activité provient des gens. Dès qu’un domaine devient intéressant, on voit beaucoup plus de fondateurs, qui attirent plus d’investisseurs, qui attirent plus de fondateurs et ainsi de suite. C’est donc assez cyclique. Ce sont les premiers signes d’un réchauffement. Ensuite, on voit une accélération du rythme de l’activité, et ce cycle n’est pas viable à long terme. Beaucoup de capitaux sont injectés dans le système, beaucoup d’entreprises sont créées, mais il y a beaucoup d’agitation, beaucoup de « touristes », des fondateurs ou des investisseurs qui sont là pour faire des gains rapidement. Ce qui conduit de nouveau à un ralentissement, quand on se rend compte que la situation n’est pas viable.
Michael Hainsworth: Avec les taux d’intérêt qui ont doublé en deux ans, est-ce que l’époque où l’argent était facile d’accès est révolue?
Angela Tran: L’époque où l’argent était facile d’accès est révolue, mais on y a encore accès. La différence, c’est que maintenant, quand les fondateurs vont lever des fonds, la barre est tout simplement plus haute. On doit se concentrer sur les questions : « pourquoi vous? » et « pourquoi maintenant? ». Les excellentes entreprises vont toujours réussir à lever des fonds.
Michael Hainsworth: Et j’imagine que la loi du plus fort fait également partie de l’équation.
Angela Tran: Tout à fait. Absolument. Et ça s’applique aussi aux investisseurs. On est des investisseurs, mais on a aussi nos propres investisseurs qui ont soutenu des gestionnaires comme nous pendant ce marché en croissance haussier, et qui maintenant se retirent et attendent de voir quels vont être nos résultats. Ils évaluent notre rendement de la même façon qu’on évalue le rendement de nos entreprises : avec un peu plus d’attention et un regard un peu plus critique. Je pense que les entreprises, fondateurs et investisseurs qui se démarquent, vont toujours avoir accès à de l’argent. La barre est tout simplement un peu plus haute aujourd’hui.
Michael Hainsworth: Angela, merci beaucoup de votre temps et de vos commentaires.
Angela Tran: Merci de l’invitation. J’ai vraiment aimé réfléchir à mon parcours vers le capital de risque et à ce que peut nous réserver l’avenir.
Michael Hainsworth: Qu’avons-nous appris de l’expérience d’Angela, qui est passée d’ingénieure à investisseuse en capital de risque? Sa volonté de s’adapter est admirable et nous fait voir jusqu’où la passion peut nous mener. Nous avons appris qu’au stade de préamorçage, ce n’est pas le problème que le produit ou service résout qui importe, mais la personne : son raisonnement et qui elle est en tant que leader. C’est aussi pourquoi le produit ou service est essentiel aujourd’hui, ou depuis un moment déjà.
Michael Hainsworth: Vous écoutiez le balado de Services financiers Innovation CIBC, où nous apprenons les secrets de l’innovation, de l’économie et de la réussite des entrepreneurs qui ouvrent la voie à l’avenir. Je m’appelle Michael Hainsworth. Je vous remercie d’avoir été des nôtres.